Avant.premier

Paraître, sans jamais devenir.

Je-tue-il

Ce n'est pas ma faute. Les choses sont faites ainsi.

Je t'en ai voulu, comme tu le sais, parce que tu ne comprendras jamais.

Je t'en voudrais sûrement encore longtemps, pardonne moi.

Je n'ai plus le coeur aux effusions de sang, ni même de me lever le matin.

Ce n'est pas ma faute. Les choses sont faites ainsi.

Alors pourquoi serait-ce à moi de payer les pots cassés ?

Pourquoi serait-ce à moi de soutenir un tel fardeau ?

Pourquoi serait-ce à moi de me poser des questions pour tous ces gens ?
 

Je ne veux plus attendre après je ne sais quoi.

Il est temps pour moi que ça arrive.

La rancoeur a remplie tout l'espace.

"Y'a des jours faudrait tout, tout raconter."
Zazie, Un petit peu amoureux.
 
 
 

Je-tue-il

 
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Sensation étrange, besoin de faire le point sur une vie partie trop loin sans moi. Besoin de faire un bilan de ce début d'année scolaire, qui me rapproche un peu plus d'une nouvelle vie, dans un an et demi. Année scolaire peu banale, effrayante, étrange, mystérieuse. Année de déboires, de renouveau aussi ; comme si chaque seconde avait une saveur nouvelle. Alors, nécessairement, je goûte à de nouvelles choses, de nouvelles formes de frustration, de douleur, mais aussi de plénitude et de béatitude. Je tâte toutes les coutures du champ émotionnel, du désespoir à la rage de vaincre, de la motivation à la peur, du désir profond au dégoût intolérable. Je ne chante plus le monde, je ne le crie plus non plus.
Je me suis trop longtemps battu contre moi même. Erreur de jeunesse, naïveté d'enfant gâté qui arrive à tout. Je me suis battu contre moi même jusqu'à en saigner, des plaies béantes suintantes de la douleur du silence étouffé. J'ai refoulé tant de fois toutes ces choses, j'ai avorté tant de tentatives de libération, par peur, par rancoeur aussi. Par rancoeur contre moi, elle, eux. Par peur de moi, d'elle, d'eux. Je n'ai jamais fais le moindre faux pas, jusqu'à cette année, où je me suis plu dans l'échec. Oui, j'existais autrement, pour moi, elle, eux. Complaisance malsaine, jusqu'à ce que le naturel revienne au galop, à cause de la peur de demain, du malheur occasionné. Et puis j'ai écris, des lignes, des lignes, encore des lignes, ici, ailleurs, pour exorcisé tant de temps de silence comblé par la réussite. J'aurais pu en pleurer, souvent, mais je n'ai jamais su comment faire. La machine sentimentale est fragile, et la roue émotionnelle tourne encore et encore, d'un jour à l'autre, sans ne jamais vouloir s'arrêter. J'ai souvent voulu en parler, pour moi, elle eux. Jamais je n'ai pu, et jamais je ne pourrais, parce que l'avouer reste l'admettre, et je ne suis pas encore sûr de vouloir l'admettre. Avec elles, je peux émettre des hypothèses, pas avec mes parents. Le choix, je ne l'ai jamais eu...
Moi, jeune garçon de presque 17 ans, les pieds sur terre, de bon conseil, calme, réfléchit, posé, convaincu, optimiste, oui, moi, la vraie personne, je n'ai jamais su gérer ma vie, mes émotions, mes pensées. Je n'ai jamais su rien faire d'autre qu'écouter le reste du monde me parler, et solutionner ses problèmes, pour ne pas être confronté au mien. J'ai beau jouer les narcissiques profondément mauvais, je n'ai jamais rien su être d'autre qu'une guimauve qui éponge la vie des autres pour rêver la sienne le soir.
Simplement parce que la vérité est inaudible, même pour moi, et que ça me fais mal de me taire. Vous savez, cette gêne inconnue, dont l'origine reste mystérieuse. Si, vous savez ça. Mais vous ne savez pas ce qui m'est imposé. Ce silence mortuaire, et la flamme de l'envie de crier qui mouronne les oreillers qui tapissent et molletonnent mon coeur. Besoin charnel de parler de moi ce soir, et qui sait, peut-être d'apprendre à recevoir ce que j'ai si souvent donné.

Ferme les yeux, respire. Tu es en vie, et c'est déjà beaucoup.

Je-tue-il

 
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Un peu comme si chaque nouvelle minute de silence ouvrait la porte à une nouveau désert. Ne rien dire, jamais, parce que l'on ne sait pas si la courage sera suffisant. Ne rien dire, et ne jamais être vraiment écouté quand on en parle, à une soirée près. Avoir la nausée, parce qu'on se dégoûte, et que l'on prône l'acceptation de soi. Mourir à petit feu, de l'épée de Damoclès qui chaque seconde de votre existence menace votre pauvre vie. Avoir envie de chialer chacun de ces soirs où la vérité vous a explosée à la gueule, ou juste parce que le poids du silence pèse trop lourd sur votre âme. Vous savez, ce sentiment d'être à côté de sa vie, de rater ses plus belles années, de se pourrir la vie seul, chroniquement, comme un besoin incessant de se taire pour exister, et disparaître au fur et à mesure que le temps file sous nos doigts. Cette solitude infâme qui hante vos nuits, loin de tout corps chaud, loin de toute reconnaissance, loin du monde. Trouver les mots, pour exprimer ce désir si puissant qu'il accapare chacune de vos pensées. Vous ne savez pas. Peu de gens savent. Se taire, encore et toujours, parce que la peur paralyse chaque envie de parler. Sujet tabou, parce que je le censure moi même, de peur d'être démasqué, découvert. Découvert, sans protection, sans barrière, sans distance. Cette distance qui m'éloigne du monde, comme un muret sépare deux jardins; le mien, trop coloré pour bien des gens, et le leur, trop frustrant pour moi.
Alors j'erre, comme une pauvre âme en peine, entre deux monde qui me répugnent autant l'un que l'autre. Je me dégonfle, à chaque fois que le sujet tombe sur la table. Je pleure, à chaque fois que j'étouffe mon envie de parler de moi à celles qui sait, parce qu'elle est occupée à sauver ses propres meubles des eaux débordantes des nos vies trop étriquées. Il aurait un moyen, mais le courage me manque, parce que je n'ai que 16 ans, parce que je suis la thèse et l'antithèse en un seul nom. Tout et son contraire, paraître et devenir. Passé et futur. Fantasme et réalité. Bonheur et horreur. Une soudaine envie qu'elle lise ici, et que pour une fois, elle lise entre les lignes, pour savoir que ça ne va pas, et ce depuis presque 4 ans, et que je me tais, parce que je préfère lui être utile que de parler de moi. Le désir charnel qui m'habite depuis trop longtemps de masquer les apparences, au point de me tromper moi même, jusqu'à ce  que la lueur jaune d'une flamme éclaircisse mes pensées. Si j'écoute depuis tout ce temps, c'est dans l'espoir que l'on me retourne la question, pour pouvoir pleurer sur une épaule, parce que seul, c'est bien trop dur à supporter. J'ai aujourd'hui besoin que l'appareil me revienne, que l'on me tende la main, pour que sorte cette mélasse sentimentale de frustration et de peur que je refoule depuis trop longtemps.
Quatre ans que je tourne et retourne les mêmes questions, sans que jamais je ne trouve la moindre réponse. Quatre ans d'une vie à se demander pourquoi moi, et pas le voisin d'à côté. Quatre putain de trop longues années à mâcher entre mes molaires l'envie de foutre le camp et de vivre d'amour et d'eau fraîche. Ouais, je sais, à 16 ans on se cherche, mais lorsqu'on s'est trouvé et que personne n'a pris le temps de savoir véritablement ce qu'on a trouvé, on a mal. J'ai la certitude de savoir qui je suis, mais je n'ai ni le temps, ni le courage, ni l'envie, ni personne avec qui prévoir le grand moment. J'ai juste besoin de le faire, mais pas seul. J'ai juste besoin qu'on m'écoute, parce qu'être et paraître ne se conjuguent pas à la même personne. Qui vivra verra...


"Il est plus facile de pardonner à un ennemi qu'à un ami." William Blake

Je-tue-il

http://avant.premier.cowblog.fr/images/Photo0432.jpg(La route est encore longue.)

Les mots transpercent l'air, l'espace le temps. Ils fusent, jettent leur douleur sur les gens. Ils découpent la vie, comme des ciseaux du papier. Ils tempèrent les uns, exultent les autres. Ils sont là, bouillonnants en chacun de nous. Le coeur aux aguets, les lèvres sèches, le cerveau en ébullition, les mains moites, les yeux humides. Ils conditionnent nos humeurs et démolissent nos rêves. Ils bourgeonnent lentement, pour finalement exploser en une seconde.


Stupeur. Rancoeur. Ardeur. Pâleur. Fadeur. Douleur. Peur.


Puisque qu'on se fout de tout, puisqu'on oublie le passé pour ne pas avoir de dettes, puisqu'on raye l'avenir d'un trait, seulement par orgueil. Je n'ai pas la force de mener cette bataille. A vrai dire, je n'en ai surtout pas l'envie. Qu'elle fasse sa vie sans moi, puisque la mienne ne l'intéresse pas. Je ne souhaite pas sauver les meubles si l'on laisse l'eau entrée à grandes vagues. Il n'y a rien à sauver pour qui veut tout sauver seul. L'aigreur des gens me tuera, si la solitude n'a pas fait le travail avant elle. L'on vient, l'on prend, l'on consomme, mais jamais l'on ne paye son tribu, jamais l'on ne rend. Ce soir, je n'ai pas mal. Non. J'ai appris à me foutre de ce petit rien, de cette petite épine qui égratigne mon pied. Si demain doit se faire sans, que demain se fasse, je pense aujourd'hui ne rien devoir à personne, m'être fait seul, à la sueur de mon esprit, à la douleur de mes pensées. Ce soir, je ne pense à personne, parce que pour une fois, c'est moi et moi seul qui suis maître à bord. Si mes considérations ne méritent pas de reconnaissance, si mon intérêt se fait sans retour, alors c'est que la relation n'est pas saine. J'ai toujours eu horreur des sens uniques, autant que le l'impasse me fait vomir. Si demain, comme les autres jours, je dois me lever seul, alors je le ferais, parce que rien ni personne n'altérera mon envie de vivre.


Si l'on devait mourir demain, moi, je danserais, pour ne pas avoir à penser.

Je-tue-il

http://avant.premier.cowblog.fr/images/Photo0521.jpgOn ne rate pas toujours ce que l'on croit.

De passage. Un à un les gens passent. Visages fermés. Vie étriquée, dans un lycée trop grand pour eux, pour nous. Le nez dans les cahiers noircis de cours lassants et fatigants, les yeux rivés sur les montres, dont les aiguilles ne vont pas assez vite. L'esprit ailleurs, mais bien trop vite ramener ici et là, par un rappel à l'ordre, un cri, un Ds. Les yeux accrochés au carrelage bleu-gris lorsqu'ils fuient les cahiers austères. Jamais heureux, jamais de joie, jamais libre, jamais vivant.

Fausse liberté dans un écrin de verre.
Pression.
Ambiance maquillée mais triste.
Envies étouffées sous les cris inaudibles des souffrances silencieuses.
Le temps file, sans moi, sans eux, sans nous.

Resté dans le ciel pluvieux de ma belle Normandie, perdu entre devoir et droit. Enfermé dans une habitude oppressante, dans des salles habillement transformées en cages dorées. Et des notes, et des leçons, et des choses à faire, et de mauvaises nuits, passées à sangloter dans le noir. Zola, Maupassant, Flaubert, Hugo... autant de prétexte pour justifier un enfermement psychologique. Subit. Autant de texte que de jour dans l'année. Autant de peine que de problèmes, aussi mineures qu'insurmontables. Autant de ragots que de Français sur Terre, autant de gloire que de néant.

Fausse réflexion dans un écrin de pollution neurologique.
Gloire.
Paroles à doubles sens.
Rêves bouffés par un réel pitoyablement blasant.
Demain file, entre mes doigts, les leurs, les notre.

 
Berné par une illusion, si belle, si fausse, si douloureuse. Noyé dans le flot incessant de demain, submergé par l'avenir, si loin, si proche, si prometteur, si effrayant. Et des chats noirs dans les ruelles, présage à interprétés. Et des mots, des phrases, des expressions, des faux-semblants, et d'infatigables allusions, qui font mal, toujours, par leur justesse. Passé, présent, futur... autant de lois qui régissent nos vies. Autant de lettres qui effraient mon coeur. Autant de conceptions de la vie que de noyaux de cerises. Autant de possibilités que d'impossibilités.

Fausse égalité dans un écrin bleu-blanc-rouge.
Attendre.
Être pendu à ses lèvres.
Passions mordues par la peur de l'autre.
Une personne qui me file sous le nez, le mien.
Seulement.

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