Avant.premier

Paraître, sans jamais devenir.

Je-tue-il


http://avant.premier.cowblog.fr/images/carteYAG.jpg(La route est encore longue.)
 (J'ai eu un petit problème d'accès à la zone de saisie, ceci expliquant mon absence prolongée.)

Je suis mon propre tortionnaire. Je me torture l'esprit délibérément. Je dois être fou quelque part. Je ne peux pas me libérer de ma propre culpabilité, c'est impossible. Culpabilité stupide, puisque je suis impuissant dans toute cette foutue histoire. Je paye les pots cassés pour quelqu'un d'autre. Un hypothétique dieu, mes parents ou la société ? Je ne sais pas, alors qui blâmer sinon moi ? Il n'est pas pensable qu'il n'y ai pas un coupable. Mais les choses sont ainsi, et j'essaie d'accepter, pour enfin vivre. J'essaie de toutes mes forces de me faire entendre raison, mais chaque soir depuis 5 ans, je tire la même conclusion ; celle qui me dit que tout est de ma faute, et qu'il n'y a rien de normal là-dedans.
Pourtant tout portait à croire que j'allais mieux il y a une semaine. Seulement se retrouver en vacances, et donc face à soi, n'a jamais joué en ma faveur. Plus j'ai de temps, plus j'en gaspille à me blâmer d'une faute qui n'en est pas une. Il semblerait que je ne veille pas qu'il en soit ainsi, alors je tente, en vain, de me convaincre que c'est une illusion.
Il n'en reste pas moins que je suis ce que je suis. Peut-être que ces sentiments sont les prémices d'une rechute. Rechute vers le bas, alors même que j'avais commencé à m'écouter. "je suis normal". Je vais devoir me le répéter combien de temps encore pour y croire ? Combien de fois vais-je avoir à pleurer pour rien, juste parce que je désire l'inaccessible ? Combien de fois va-t-il falloir que j'écrive son nom ? Ca n'est pas à porter de mes doigts, et je n'y pourrais jamais rien. Je subit mes passions, comme on subit une tempête. Je n'y peux rien, et jamais je n'y pourrais quoi que ce soit. Il va être temps pour moi de comprendre que je ne suis pas différent d'il y a 5 ans. Je suis quelqu'un, bordel, mais jamais je n'accepterais celui qui je suis. 
Ceux qui disent qu'on ne fait que répéter les schémas émotionnels connu se trompent gravement. Jamais je n'ai connu quelqu'un dans ma situation, et jamais je ne me suis trouvé dans cette situation auparavant. Il y avait toujours eu un espoir, mais il est maintenant trop tard. J'ai commencé à me détruire, à détruire ce que j'avais construit patiemment. J'ai commencé à tout détruire, à tout détruire de ce qui m'est proche. Sorte d'explosion préventive, parce que l'échéance approche, et qu'il faudra bien avoué la vérité. Avoué certes, mais il n'y aura alors plus rien à perdre, puisque j'aurais déjà tout détruit.

"Et perdue parmi ces gens qui me bousculent, étourdie désemparée je reste là,
quand soudain je me retourne il se recule, et la foule vient me jetée entre ses bars."
La foule, Piaf.

Je-tue-il

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"Toi, tu profites pas assez de la vie."

J'ai pensé "merde", et j'ai souris. Il a raison, mon parrain. Il a raison, lui qui attaque aujourd'hui sa lutte contre un cancer du colon. Je ne vous l'ai pas dis plus tôt, parce que je ne savais pas si ça m'affectais autant que je le pensais. Je l'ai pris en pleine gueule cette après-midi, à l'hôpital, au 19ème étage. Il se bat, et moi je me débat. Il me lance ça, dans la discussion, comme un appel, pour que je réalise qu'il est temps. Mais il ne sait pas tout, il ne sait pas ce qui me tient au silence. J'espère qu'il aura le temps de l'apprendre. Peut-être que je lui dirais, si jamais il doit partir. Je me sens mal, autant pour lui que parce qu'il a prononcé ces mots. Si clair, si objectif. Je ne savais pas que ça se voyait autant que chaque jour est une bataille pour moi.
Et j'ose me plaindre, parce qu'il est fort, et qu'il ne sombrera pas, parce qu'il gagnera contre ce cancer, parce que, peut-être sans m'en être rendu compte, je tiens à lui. Il reste mon parrain, celui qui m'a appris à me méfié sans craindre, celui qui m'a toujours poussé à vivre. Peut-être le seul à ne pas se brimer, à exprimer haut et fort ce qu'il pense. Il est ce que j'espère devenir, en certains points. Nullement abattu, il gagnera, il le faut. C'est égoïste, je le sais, mais il n'a pas le droit de m'abandonner. Il n'a pas le droit de partir, parce que contrairement à ce qu'il dit, il a une famille. Je ne pense pas que je supporterais de le voir partir, pas tout de suite.
Il faut aussi mentionner que je n'ai jamais connu la mort. Personne autour de moi, jamais depuis ma naissance, n'est parti. Alors comprenez que ça rajoute à mes angoisses personnelles. J'ai peur de ne pas savoir réagir correctement, j'ai peur de craquer, de sombrer totalement face à un événement pareil.
Mais il n'est pas encore partit, alors chassons les mauvaises ondes. Il gagnera, il le faut. Il gagnera, parce que personne n'aime la vie autant que lui. J'espère. Pourtant je ne parviens pas à chasser le spectre de la mort de mon esprit. Je veux avoir le temps de dire la vérité à tout le monde, il n'a pas le droit de partir, ce serait injuste, ce serait horrible.
 

Petit poney est fatigué, mais il ne doit rien lâcher. 

Je-tue-il

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J'ai regardé un film. Celui de trop. Celui où le happy-end pourrais être le mien. Celui qui cerne le problème, et que me met un grand coup de latte dans la gueule.. Celui qui, a l'instant présent, accroît ma douleur, celle que j'ai fait taire cette semaine en pensant à mes putain de cours. Cette douleur qui ne s'estompera pas de ci-tôt, surtout si je continue à me complaire dans le silence. Je me suis caché cette semaine, derrière les cours, les nouvelles, bonnes et mauvaises. Je me suis caché, derrière la basketball, parce qu'il me permet l'évasion, parce qu'il me montre la sortie de secours, le temps d'un match, d'un entrainement. J'en suis à l'étape où tout ce qui peut me faire oublier est bon à prendre, alors j'emmagasine des informations, politiques, sportives, culturelles. J'emmagasine, parce que je répond comme ça à la solitude et la peine. Certain boulotte des cookies au chocolat, d'autres courent pour faire sortir le surplus d'émotion. Moi, j'emmagasine n'importe quoi, pourvu que se soit cérébral, et que ça paralyse mes capacités émotionnelles.
Je m'abruti de vidéos sans grand intérêt, pour ne pas voir le film de ma vie. Je n'ai pas fais ce que j'avais à faire pour le lycée. Je procrastine, encore et toujours, jusqu'à saturation.  Je dessine ce que je rêverais de faire, d'être. Parce que ma main est plus sûre que mon esprit. Et même si tout venait à se savoir, je ne souffrirais pas plus. Je me rends compte de jusqu'où je vais pour oublier. Je me rends comptes de ce que je ne suis pas moi-même, sinon 1 heure par semaine, si elle en a le temps, et si elle veut bien en parler. J'ai besoin d'en parler de vive voix, comme la semaine dernière, lorsque, les yeux fermés, je contenais les larmes de douleur que risquaient de couler sur ton genou meurtrit. J'ai besoin qu'on me rassure, souvent, parce que je n'ai pas cette confiance en moi que certain pensent que j'ai. Mascarade. Je ne suis que l'ombre de moi-même.
Je fuis la réalité, à travers les écrans, les pages, les autres. Je garde mon identité pour moi. J'aurais tant de choses à dire, mais j'ai tellement peur. J'ai tellement de peurs ; qu'on remplace la solitude volontaire par la solitude involontaire, qu'on remplace le mensonge par la rancoeur, qu'on remplace l'amour par le dégoût. Je m'invente un monde, chaque soir, où je serais le seul qui sache comment doivent se faire les choses. Je m'invente un monde, avec toi et seulement toi. Je m'invente, parce que je n'existe pas vraiment.

I want a home...

Je-tue-il

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Mardi je rechausserais mes baskets. Il sera temps de reprendre le cours normal de nos vies, consumées à petit feu par ce qu'on appelle le lycée. Cahiers, stylos, examens. Enfermement. Je retrouverais ma cage dorée, cela même où j'ai passé une année pitoyable l'an dernier. J'y retourne à contre coeur, pour la dernière année, je l'espère. On remet une pièce, et la partition repart. Dans la même prison la même rengaine, perpétuelle mascarade, perpétuel festival. Tomber les masques. Il sera temps d'espérer, dans un an, avant un nouveau saut dans le vide. Il sera temps, vraiment.
J'ai passé des vacances toutes en contraste. Juillet, premier boulot, premières échéances, premiers enfants. Août, vacances, Bretagne, mais aussi lent retour à la réalité, ma réalité. Rancoeur cachée derrière un pot de fleur, retrouvée à la volé, un soir où je noyais mon regard dans un film trop porté sur le sujet. Noir. Blanc. Rien ne c'est véritablement arrangé, et je ne pense pas que ces deux derniers mois aient atténué mon aversion pour les cours. Je ne suis pas reposé. Je ne suis pas serein. Je ne suis plus moi même. Malgré ça, l'on me dit que tout ira bien, parce que ça va toujours bien. Incertitude, appréhension. Réinitialisation, on reprend les mêmes protagonistes pour rejouer la même scène, après deux mois de tentatives, vaines, pour oublier.
Mardi sonnera le début de la fin de ce que je pensais être une nouvelle ère... On ne s'arrête pas à 2 tiers du chemin. Et puisqu'il reste 1 tiers à passer, je m'accrocherais. Pas pour moi. Pas pour eux. Pas pour vous. Je m'accrocherais, par principe. Je m'accrocherais, par orgueil. Je m'accrocherais, par espérance. Espérance que l'année qui arrive ait son lot de très bonnes nouvelles, son lot de bonheur, son lot de vie.

Thought of you.
 

Je-tue-il

http://avant.premier.cowblog.fr/images/Photo0991.jpg(Avancer, lentement.)

Demain, je pars. Départ qui aurait dû être festif, pour la Bretagne, ma chère Bretagne. 8 jours de repos, loin des parents, des amis, de lui. Une semaine seul, face à moi même. Délicat de voir cette semaine comme bénéfique puisque j'affronterais seul mes démons. Sûrement des balades au petit jour, au bord d'une mer étincelante, au bord du gouffre, en somme. Seul, face à ce qui sera mon avenir, face à toute ma rancoeur, ma douleur. Sans doute que des larmes ruisselleront sur mes joues sèches, mes yeux coulant une fois de plus. Seul, face à mon cruel dilemme, à ma frustration. Seul.
Une semaine loin du monde, dans une bourgade fort sympathique, ma bourgade, sans internet. Se recentrer, avant la rentrée, avant la reprise. Se concentrer, pour savoir si l'année sera propice ou non à l'action irréversible. Se parler, pour savoir si j'aurais la force d'exploser un jour. Observer le monde, pour savoir si les médias qui le dise prêt ne se trompent pas. Intérioriser encore un peu plus, parce que c'est ma seule solution pour le moment. Changer d'air, pour voir si le gazon est plus vert prêt des côtes. Espérer, espérer que l'attente d'un peu d'amour s'arrête. Croire, en demain, en mes chances, quelque soit le domaine. Confiance ? Non, attendre, mais ailleurs qu'en Normandie.
Le soleil orangé tape à travers ma fenêtre, éclairant sa photo. Seule et unique chose qui me rattache à lui.Seule et unique photo de lui dans ma chambre. Seul trace d'un futur peut-être glorieux. Seul indice sur ce qu'est la vie de "il sans il". J'ai mal. Je suffoque. Jour. Nuit. Je rêve que je m'envole, mais reste cloué au sol. Cri strident dans ma tête. Ce sera l'avant dernière semaine sans ses yeux, son odeur, et son corps. Ce sera l'avant dernière semaine avant que la routine reprenne le pas, et que son indifférence ma face mal. Ce sera la dernière semaine avant que ma cage dorée ne reprenne possession de mon esprit. Bientôt, je passerais le BAC. Bientôt je passerais le permis. Bientôt, je l'aurais...

Tout le monde ment.

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