Avant.premier

Paraître, sans jamais devenir.

Je-tue-il

 Je vous accorde que je ne sais absolument plus où je vais et ce que je devrais être. Je ne sais plus quel costume revêtir le matin en me levant. C'est symptomatique chez moi lorsque je reste seul trop longtemps, je revis inlassablement ces crises identitaires. Je ne sais pas ce que je devrais dire, faire ou penser samedi soir, je ne sais pas plus si j'arriverais un jour à déterminer le bon comportement. J'ai l'étrange sensation d'avoir réussi à ne plus être amer, mais je reste seul et angoissé. Je continue à ne pas voir l'avenir sereinement, à ne pas parvenir à me débarrasser de celui qu'ils pensent que je suis. Je reste ce personnage ambivalent, dont on ne saurait présumer lorsqu'il arrive de la réaction qu'il arborera, parce que moi même je ne suis pas sûr de savoir comment je réagirais. C'est comme un bateau accroché à un port qu'il doit quitter, il aura beau prendre le large, il reviendra toujours à quai temps qu'il n'aura pas défait le noeud. Seulement je ne suis pas sûr de savoir où est ce noeud, ni même de vouloir le défaire... Je m'enfonce lentement dans une vie que j'exècre, mais avec une sorte de résignation latente dont je pensais qu'elle ne me caractérisait pas. Peut-être me suis-je fourvoyé, peut importe en fait, je suis simplement las de ne pas aller aussi vite que mon esprit me le permettrait.

Je-tue-il

http://avant.premier.cowblog.fr/images/20140413183748.jpg[J'ai beau tenter le renouveau, il tarde à venir...]
 
Allez, comme ça se sera dit. J'ai fini hier mes épreuves de BAC, et Dieu seul sait à quel point ce fût laborieux. Je savais tout, parfaitement, mais je n'ai pas su me concentrer. Le problème ? J'avais la tête à tout ce que j'aurais déjà dû vivre, mais que je me suis empêché de faire, à toutes ces choses que je n'ai pas osées faire, à toutes ces vérités que je n'ai pas su dire. C'est clair, je ne peux m'en prendre qu'à moi même, et contrairement à ce que peuvent dire bien des lycéens, aucune épreuve n'était particulièrement difficile, j'ai simplement été mon seul ennemi. Et quel ennemi ! Je n'ai pas su finir les maths, je n'ai pas su lire la physique, je n'ai pas su comprendre la philo, alors même que j'étais capable de bien plus. Je le sais, je suis le seul à blâmer ; et tous ces gens qui me disent qu'ils ont confiance. Je ne sais pas trop quoi faire vis-à-vis d'eux. Les rabrouer serait stupide, et leur dire la vérité vain. Je rumine donc mon échec, que je juge personnel, en étant dans une humeur massacrante, dans une colère furieuse perpétuelle depuis mardi dernier. Une semaine que je revis mes démons des années passées, et donc que toutes ces douleurs, atténuées par le temps et la résignation, se ravivent. Une semaine que je me retourne la nuit, transpercé par la peur du vide qui se forme sous mes pieds. Mais il reste sûr que j'aurais mon BAC, mais il aura ce goût étrange de la frustration toute ma vie. Aujourd'hui je n'ai plus qu'à attendre, mais je reste persuadé que le résultat sera décevant, plus encore pour moi que pour tous ces gens qui pensent que tout ira bien. 
Je suis en colère vous savez. Je suis dans une colère noire, après tout ce qui peut être vivant sur cette Terre, et plus encore après moi. J'ai envie de me jeter contre un mur, juste pour me remettre les idées en place. J'ai envie d'oublier, et de croire que je vais m'en sortir avec les honneurs malgré tout. Seulement cette fois, c'est sans issue.

J'ai l'impression de les trahir à chaque fois que j'entends tous ces éclats de rire, en bas. Comme si j'allais poser une bombe dans une fourmilière, comme si je sacrifier leur bonheur sur l'autel du mien, je ne peux m'empêcher de ressentir toute cette culpabilité.Malgré tout, je reste déterminer à trouver ce que j'attend en vain cet été. Il ne m'est plus supportable de reste prostré dans mon coin, à attendre que le monde comprenne et qu'il me fasse ce cadeau. Il n'en est rien, si je ne bouge pas, personne ne saura jamais rien, et je n'aurais donc jamais rien. Certains diraient qu'il est temps, moi juste qu'il le faut. Ma liste l'exige, ma santé mentale aussi. Je ne sais pas si je trouverais les ressources nécessaires seul, alors je compte un peu sur elle, même si je ne lui ai encore rien dit. Je vais avoir besoin que l'on travaille sur moi, sans quoi je vais finir par exploser. Je sais pourtant que j'ai beaucoup à offrir, mais il faut présenter ce qu'il nous est possible de donner, sinon rien ni personne ne s'aventurera à explorer les méandres de mon esprit. Une fois de plus, c'est ma faute. Mais je compte bien réparer les erreurs du passé, simplement  parce que si l'on ne regarde que derrière, on oublie d'avancer.

Et puis j'ai envie de les avoir près de moi chaque jour, chaque instant, parce que je demeure dans ce sentiment de solitude. Je ne suis la priorité de personne, et en bon narcissique que je suis, ça me blesse. Ils sont tous là à étaler leur bonheur sous mes yeux, et moi j'essais de faire bonne figure. Volte face, il est temps de cesser de se morfondre. J'ai néanmoins envie que chaque jour nous reprenions nos longues conversation. J'ai envie de refaire leur connaissance. Et maintenant qu'elle m'a apprit que tout ce petit monde revenait dans mon espace vital, j'espère bien que les choses reprendront leur cour, et que nous envisagerons à nouveau l'avenir ensemble.

Et je me rends compte maintenant que je ne suis pas loin de demander la lune. Mais Oscar Wilde ne disait-il pas " qu'il faut viser la lune, car même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles." 

Je-tue-il

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Je regarde la nuit par la fenêtre. Le bruit calme et paisible d'une nuit de printemps. Je ne vois pas la lune d'ici, juste le noir du ciel, et les quelques lampadaires qui ponctuent les bords de routes. Routes que je ne voient pas non plus, cachées par les arbres des voisins, la haie dense du stade. Je ne peux qu'essayer de voir à travers les lignes, comme d'habitude. Cette belle nuit fraîche, salvatrice, écrase de son empreinte la ville ensommeillée, qui tranquillement bascule vers demain, sans trop se soucier des mes états-d'âme, de mes pensées, bercées par le clignotement des antennes relais, au loin. 
 
J'ai bien eu confirmation que la soirée sera belle, et j'ai maintenant peur de fondre en larmes en la revoyant. Larmes chaudes d'une émotions banale, juste un manque comblé, une amitié ressuscitée. Je dois dire que j'avais la gorge nouée en revoyant toutes ces photos, en repensant à tous ces petits moments, que l'on a jalousement garder pour nous. Je me rappelle aussi de tout ce qu'on s'est dit, et de tout ce qu'on ne s'est pas dit : tout ce que je n'ai pas dis. De toutes façons, ça ne sera pas le moment, mais je commence à croire que je n'ai pas si envie que ça d'assumer, parce que pour le moment, c'est plus facile pour moi, comme pour les autres, dont elle. Elle qui ne mérite pas d'être mise dans la confidence, juste parce qu'elle a d'autres chats à fouetter, pas parce qu'elle n'en est pas digne. Et puis à quoi ça rime de le crier sur tous les toits ? Ceux qui, comme moi, essaient d'exister autrement, ne cherchent pas à ce que l'on pénètre dans leur jardin secret. 

Mis à part toute cette route inhabituelle, je continue à tenter d'exister. Tous les moyens sont bons, mais je sens bien que rien ne bougera jamais si je ne me fais pas violence seul. J'attends juste que toutes ces échéances soient passées. C'est décidé, cet été, je revis. Je commence à réfléchir à tout ce que je pourrais faire, avec quelqu'un, ou sans. Je ne cherche plus à vivre à travers leurs yeux, puisque j'ai les miens, et que de toutes façons, on n'est jamais mieux servit que par soi-même. Seulement même à mes yeux la bataille n'est pas gagnée. N'empêche que je ne laisserais plus mes démons me hanter chaque nuit.

Ce soir je me couche serein, parce que je pense avoir fait ce qu'il fallait, et que plus m'aurait été impossible. Il y a certaines choses sur lesquelles nous n'avons pas de pouvoir, et je pense et travail sur le fait que s'en libérer revient à se libérer. Parce que l'on reste notre pire ennemi. 

Tu peux feindre l'indifférence,
tu ferais mieux d'enregistrer
le regard noir que j'te balance.
Ce soir ce sera vraiment le dernier.
Dans tes pupilles - Marianne James

Je-tue-il

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Certain de nos sentiment sont indescriptibles, et ce soir un de ceux là me traverse. Je dis ce soir, mais il est naît il y a quelque temps. Et puis cette photo, juste sous mes yeux, qui m'a fait réaliser que le monde continue de tourner, et que tout ces gens ne m'envisage même plus. C'est étrange, ça ne me fait pas mal, ça n'est pas douloureux, c'est juste paradoxal. Leur compagnie me manque gravement, mais entrevoir leur bonheur futur me conviens parfaitement pour le moment. Si jeunes et pourtant déjà à se projeter ensemble, je trouve ça beau. Envieux, probablement, mais je sais que le temps donne toujours à ceux qui ont su le prendre.
Et puis d'autres, qui m'envisage à nouveau, comme une possibilité latente de retrouver une parcelle d'amitié laissée en jachère, pas juste oubliée, mais laissée au repos, pour se régénérer. Je ne sais pas trop ce que vaut l'invitation, si je saurais faire abstraction de l'émotion, de tous ces changements dans ma vie, dans la sienne, pour se retrouver. J'ai toujours prôné les relations simples et sincères, pourtant je sens bien que je ne suis pas aussi près que cela à l'envisager. On s'est connu au collège, il y a maintenant 2 ans qu'on ne s'est pas revus, et l'on prétend se manquer ? Oui, je le prétend, et ce malgré tout ce temps, qui nous a fait changer, prendre des directions insoupçonnées. Vous savez, elle est de ces personne auxquelles on pense dès qu'on reparle d'une époque passée. Je l'ai adoré, admiré, jamais aimé au sens fort du terme, mais je me rend bien compte maintenant qu'elle fait partie de ces belles personnes, de ces belles amitiés, auxquelles on ne renonce jamais. En somme, je ne sais pas vraiment quoi penser de cette invitation soudaine. Je me renseignerais auprès de ces autres, à qui je dois tellement aussi, dans des degrés différents, et notamment à celle qui m'a fait plonger dans cet état d'esprit étrange, où calme et anxiété sont présent à égalité, sans s'annulé, juste en se complétant, comme pour mieux illustré le doute qui m'envahi, m'étreins subitement.

Et demain je retourne au lycée. Juste pour mes révisions pour le BAC. Cette fois c'est dit, le gros mot est prononcé. Ce petit morceau de papier qui fait flipper en ce moment même un demi million de jeunes et de moins jeunes, qui conditionne tellement de vie. Ce petit bout de papier que certain veulent juste obtenir, là ou moi j'ai besoin de l'arracher. Pas dans le sens où la tâche sera difficile, non, avec 64 points d'avance, je l'ai déjà quasiment, mais plutôt dans celui où, le couteau entre les dents, je dois aller, tout là-haut, le décrocher, avec la meilleure des mention possible à mon entendement, pour ne pas sombrer. Cela peut paraître prétentieux, mais il n'en est rien. En bon dernier de la famille, je dois être au dessus des autres. Objectif que mes parents me fixent, bien sur, mais que moi même je me suis fixé il y a longtemps, comme si leur procurer du plaisir maintenant pourrait atténuer la douleur futur certaine. Comme s'il fallait que je fasse qu'il m'aime plus que les autres, juste pour qu'ils ne ma rayent pas de la carte le jour où je prononcerais cette putain de phrase que je rumine depuis longtemps, et dont la syntaxe sera parfaite, le ton monotone et neutre, et le sous entendu quasi audible.

Je continue donc à me faire souffrir, de façon dissimulée et répétée, en ayant bien l'impression que personne ne comprend, même si je suis persuadé qu'il n'en est rien. Il est temps, maintenant, de sortir du placard, comme on dit. Mais s'il est temps, suis-je pour autant prêt? N'est-on jamais prêt pour cela ?
...
Dans ton regard qui se balance, et qui veut éviter le mien,
tu te trompes si tu penses, que je ne me doute de rien.
Dans tes pupilles je vois danser le souvenir, d'une autre fille,
oui mais le pire, oui mais le pire;
c'est que ce soir je m'en balance, je t'ai laissé ta dernière chance.
Il n'y aura pas d'eau dans mes yeux lorsque je te dirais [adieux]...
Marianne James - Dans tes pupilles

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