(Chaque histoire s'écrit sur une feuille...)
Je les ai bien regarder aujourd'hui. Oui, j'ai porté de l'attention à mes soeurs, mes parents. J'ai observé, regardé, compris. J'ai compris que je ne voulais pour rien au monde perdre se cocon, cette carapace, cet univers. Pour rien au monde, vraiment. Mais j'ai constaté qu'il n'était pas compatible avec qui j'étais réellement, et je me suis dis qu'ils ne me connaissaient pas tellement, au final. Qui suis-je pour eux, vaste question à laquelle je n'ai pas de réponse. Il n'en reste pas moins que j'ai le coeur serré depuis : je vais briser la bulle de savon que nous formons, et va en sortir tout ce que l'homme possède de plus mauvais. Et le pire dans cette vérité, c'est que je n'y peux rien. Je les aime, vraiment, mais ce sera eux ou moi. Il m'est insupportable de me dire que je vais refouler qui je suis toute ma vie, et malheureusement, ça l'est bien plus que de leur faire mal, un certain temps, peut-être toujours, mais peut-être seulement.
Je ne pourrais jamais admettre que je suis égoïste, parce que c'est eux qui ont fait de moi ce que je suis. Loin de moi l'idée de leur en vouloir, les choses sont ainsi, et ni eux ni moi ne les changerons maintenant. Ils nous faudra vivre avec, et probablement que contrairement à ce qu'ils penseront, c'est oi qui en souffrira le plus. Si les ponts venaient à être coupés, je survivrais, parce que je ne suis pas de ceux à céder à quoi que ce soit. Mais il est probable que le regret me bouffe, me dévore, lentement. Et il est encore plus probable qu'ils me le fassent payés, parce que je suis cet espoir, celui qui doit devenir un grand homme. Mais je me sens plus homme que tous les autres hommes lorsque je suis avec toi, et qu'importe s'ils ne le comprennent jamais.
Paradoxalement, je suis parfaitement serein. Oui, ce soir j'ai confiance. Je sais que rien ne se passera comme prévu, parce que la vie est faite ainsi, et que les lendemains qui chantent n'existent pas. J'ai confiance en moi, et en ma capacité à m'assumer. Je sais que l'heure approche, et je sens le courage germer, grandir, s'enraciner. Je n'ai plus peur d'y penser, d'y croire, de l'imaginer. Je n'ai plus peur maman, malgré toutes les phrases qui ont transpercées l'air il y a quelque temps, je n'ai plus peur.
Je me suis vu descendre les marches pour la dernière fois, le regard bas, valises en mains. Je me suis vu pleurer, en entrant dans ta voiture, parce que l'irréversible arrivait. Je me suis vu arriver chez nous, et m'effondrer complètement dans tes bras, parce que je n'étais pas aussi fort que tous le prétendaient. Je me suis vu déprimer, m'enfoncer, parce que vivre sans eux serait comme vivre sans une partie de moi. Je ne choisirais pas malheureusement, je suis bien moins en position de force qu'elles ne le prétendent. Qu'importe.
Les faits seront les faits. Mes sentiments n'y changerons rien, et le grand déballage se fera, avec ou sans leur permission. Je ne me vois pas vivre caché et dans le mensonge encore 10 ans. Je ne me vois pas me fondre dans le décor 10 ans de plus. Je ne me vois pas vivre, à cette allure, dans 10 ans. Je ne vois plus rien pour demain, reste à voir ce qu'il me réserve véritablement...