Un peu comme si chaque nouvelle minute de silence ouvrait la porte à une nouveau désert. Ne rien dire, jamais, parce que l'on ne sait pas si la courage sera suffisant. Ne rien dire, et ne jamais être vraiment écouté quand on en parle, à une soirée près. Avoir la nausée, parce qu'on se dégoûte, et que l'on prône l'acceptation de soi. Mourir à petit feu, de l'épée de Damoclès qui chaque seconde de votre existence menace votre pauvre vie. Avoir envie de chialer chacun de ces soirs où la vérité vous a explosée à la gueule, ou juste parce que le poids du silence pèse trop lourd sur votre âme. Vous savez, ce sentiment d'être à côté de sa vie, de rater ses plus belles années, de se pourrir la vie seul, chroniquement, comme un besoin incessant de se taire pour exister, et disparaître au fur et à mesure que le temps file sous nos doigts. Cette solitude infâme qui hante vos nuits, loin de tout corps chaud, loin de toute reconnaissance, loin du monde. Trouver les mots, pour exprimer ce désir si puissant qu'il accapare chacune de vos pensées. Vous ne savez pas. Peu de gens savent. Se taire, encore et toujours, parce que la peur paralyse chaque envie de parler. Sujet tabou, parce que je le censure moi même, de peur d'être démasqué, découvert. Découvert, sans protection, sans barrière, sans distance. Cette distance qui m'éloigne du monde, comme un muret sépare deux jardins; le mien, trop coloré pour bien des gens, et le leur, trop frustrant pour moi.
Alors j'erre, comme une pauvre âme en peine, entre deux monde qui me répugnent autant l'un que l'autre. Je me dégonfle, à chaque fois que le sujet tombe sur la table. Je pleure, à chaque fois que j'étouffe mon envie de parler de moi à celle
Quatre ans que je tourne et retourne les mêmes questions, sans que jamais je ne trouve la moindre réponse. Quatre ans d'une vie à se demander pourquoi moi, et pas le voisin d'à côté. Quatre putain de trop longues années à mâcher entre mes molaires l'envie de foutre le camp et de vivre d'amour et d'eau fraîche. Ouais, je sais, à 16 ans on se cherche, mais lorsqu'on s'est trouvé et que personne n'a pris le temps de savoir véritablement ce qu'on a trouvé, on a mal. J'ai la certitude de savoir qui je suis, mais je n'ai ni le temps, ni le courage, ni l'envie, ni personne avec qui prévoir le grand moment. J'ai juste besoin de le faire, mais pas seul. J'ai juste besoin qu'on m'écoute, parce qu'être et paraître ne se conjuguent pas à la même personne. Qui vivra verra...
"Il est plus facile de pardonner à un ennemi qu'à un ami." William Blake