(Avancer, lentement.)
Demain, je pars. Départ qui aurait dû être festif, pour la Bretagne, ma chère Bretagne. 8 jours de repos, loin des parents, des amis, de lui. Une semaine seul, face à moi même. Délicat de voir cette semaine comme bénéfique puisque j'affronterais seul mes démons. Sûrement des balades au petit jour, au bord d'une mer étincelante, au bord du gouffre, en somme. Seul, face à ce qui sera mon avenir, face à toute ma rancoeur, ma douleur. Sans doute que des larmes ruisselleront sur mes joues sèches, mes yeux coulant une fois de plus. Seul, face à mon cruel dilemme, à ma frustration. Seul.
Une semaine loin du monde, dans une bourgade fort sympathique, ma bourgade, sans internet. Se recentrer, avant la rentrée, avant la reprise. Se concentrer, pour savoir si l'année sera propice ou non à l'action irréversible. Se parler, pour savoir si j'aurais la force d'exploser un jour. Observer le monde, pour savoir si les médias qui le dise prêt ne se trompent pas. Intérioriser encore un peu plus, parce que c'est ma seule solution pour le moment. Changer d'air, pour voir si le gazon est plus vert prêt des côtes. Espérer, espérer que l'attente d'un peu d'amour s'arrête. Croire, en demain, en mes chances, quelque soit le domaine. Confiance ? Non, attendre, mais ailleurs qu'en Normandie.
Le soleil orangé tape à travers ma fenêtre, éclairant sa photo. Seule et unique chose qui me rattache à lui.Seule et unique photo de lui dans ma chambre. Seul trace d'un futur peut-être glorieux. Seul indice sur ce qu'est la vie de "il sans il". J'ai mal. Je suffoque. Jour. Nuit. Je rêve que je m'envole, mais reste cloué au sol. Cri strident dans ma tête. Ce sera l'avant dernière semaine sans ses yeux, son odeur, et son corps. Ce sera l'avant dernière semaine avant que la routine reprenne le pas, et que son indifférence ma face mal. Ce sera la dernière semaine avant que ma cage dorée ne reprenne possession de mon esprit. Bientôt, je passerais le BAC. Bientôt je passerais le permis. Bientôt, je l'aurais...
Tout le monde ment.