Avant.premier

Paraître, sans jamais devenir.

Je-tue-il

http://avant.premier.cowblog.fr/images/hamtaro01-copie-3.gif[Se débattre.]

Avec du recul, je me dis que ce coffre remplis de m&m's est exactement la matérialisation du désir de tout déballer que je réprime. Je me suis en effet mis à grignoter ces pures merveilles à force de penser à tous ces mots que je ne dis pas. Et, comble de l'ironie, on m'en offre presque 10 kg pour fêter mes 18 ans, le 19 avril dernier. Signe que l'on me réclame de garder le silence ? Signe que mon mal s'est étendu jusqu'à devenir visible, mais sous une forme avouable.
J'ai honte. Honte de ne pas avoir le courage que tout le monde pense que j'ai. Honte de ne pas être capable d'avoir suffisamment confiance en moi pour lâcher les chevaux. Honte de continuer à taire ma révolte au nom d'une invisibilité que me donne un certain confort. Ma tourmente a repris depuis quelques semaines, et j'hésite, comme jamais, à parler avec ma soeur. Seulement je n'arrive pas à savoir quand le faire, et il apparaît évident qu'elle ne ma facilitera pas la tâche. Elle ne me laisse jamais entrer dans mes phases de concentration négative. Phases qui, me semble-t-il, seront nécessaires au déballage de mes plus profondes hontes. 

" Je suis de ceux qui font le geste que d'autres ne font pas,
qui font le pas pour qu'on n'en reste pas là.
De la tendresse, j'en garde au fond de moi."
Héléne Ségara - Genre humain
(pure merveille.)

Je-tue-il

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Qui pourrait croire après ça que ça n'est plus douloureux ? Qui pourrait imaginer que j'ai réussi à refouler autant de souffrances ? J'ai souvent eu l'impression d'exagérer l'emprise de la douleur sur moi, vraiment. Mais je m'aperçois que c'est juste la plus pure sincérité qui s'exprimait. Je suis plus sage qu'avant, plus calme, plus tolérant. Seulement je continue de souffrir du silence que je m'impose. Pourquoi se taire, lorsque l'on sait que rien ne compte plus que le pardon que l'on est capable de s'accorder. Je continue de me détester, gentiment, sans bruit, sans effusion. Je continue, sans m'en être aperçu, de souffler sur les braises que j'ai moi même allumé.
Je reste un enfant. Un enfant craintif de perdre l'amour de ses parents, sa famille. Un enfant suppliant pour qu'on lui explique, mais qui n'écoute jamais. Un enfant à qui il reste à apprendre, tout à apprendre.
Un enfant assez puissant sur lui même pour se cacher jusqu'à sa propre souffrance, mais toujours incapable, lorsqu'il est seul, de retenir presque cinq mois de larmes avortées. Un enfant enfin, qui a mue sa colère envers les autres en colère envers lui même, après s'être rendu compte que haïr le monde entier ne le sauverait pas. Un enfant qui n'ose demander vraiment de l'aide, qui préfère demander à ses amis de se taire. Un enfant qui mériterait que quelqu'un se rappel à son bon souvenir, mais qui voit bien que les seules limites qu'il a sont celles qu'il se fixe. Parce qu'à 18 ans on n'est sensé n'avoir plus besoin de personne.

Je-tue-il

Hier, l'air tiède de la fin d'après-midi automnal caressait ma peau découverte. Il faisait beau, il faisait bon, l'odeur de l'herbe coupée imprégnait mes vêtements. Je voyais de ma fenêtre le soleil tomber, à l'horizon, juste derrière les collines. Les feux des voitures au loin ponctuaient cette vision splendide. Les sens en éveil, le cerveau reposé, le corps aussi. Je me disais que tout allait bien, vraiment.
Aujourd'hui, la nuit est tombée calme et rassurante, sur ma belle Normandie. Elle englobe, les bras tendu, l'humeur du soir. Il est à peine 18 heures, et j'ai l'impression d'avoir six ans fasse à l'excitation que provoque en moi l'arrivée des longues nuits froides d'hiver. Les léger picotements sur les joues, les doigts glacés, le nez rouge. Les bonheurs de l'hiver. J'adore l'hiver, je m'y sens bien, lorsque tous les bruits sont étouffés par un épais manteau neigeux. Je me dis que tout va bien, vraiment.
Mais je déteste toujours autant les dimanches soirs, surtout ceux de fin de vacances, parce que repartir me brie toujours le coeur. Les mauvais souvenirs refont toujours surfasse, mon esprit s'embourbe dans une sorte de mélasse émotionnelle indescriptible. Mélange de nostalgie, de sérénité, d'anxiété, d'envie, de peur, de regrets. J'ai toujours, pile à ce moment de la semaine, la même sensation que lorsque je fini un livre. Le gout amer de l'arrêt. La sensation de devoir tout recommencer. Je pense que c'est ça oui, je suis sur une sorte de croisées des chemins, coincé entre ma vie passée, celle futur, et celle qui fatalement n'arrive pas le dimanche soir. C'est toujours à ce moment là que le chagrin, mêlé à la culpabilité de ne pas avoir travailler comme je l'aurais dû, me fait vaciller. Je suis comme vidé. D'énergie. De courage. D'émotion. 

Je me dis que tout va bien, vraiment. 

Je-tue-il

http://avant.premier.cowblog.fr/images/chataignes.jpg[La vérité, c'est ça.]

J'adore cette saison. La forêt teintée de ses feuilles brunes, rouges, jaunes ou oranges sur ses arbres qui seront bientôt nus. Le froid sec et le soleil glacial de l'automne. Les après midi à ne rien faire, en attendant juste que le temps passe. Prévoir l'avenir proche sans une once d'appréhension. Tout ça gâché, malmené, détruit, par une simple lettre qui a remis le feu aux poudres. 
Je mène la vie dont j'ai envie depuis quelque temps. Et ça va mieux. Je ne me prend plus pour quelqu'un d'autre. Je fais des choses simples, et dont j'ai envie, avec ceux que j'ai envie de voir. Ni plus. Ni moins. Alors beaucoup diront qu'une ballade en forêt à 18 ans, ce n'est pas vraiment normal. D'autres dirons que faire griller des châtaignes dans la cheminée n'est pas de mon âge, mais je m'en contre tamponne. Le fait est que faire tout ça m'a donné un sentiment immense de liberté et de bonheur. J'ai compris ce que se détendre voulait dire. Passer du temps avec ceux qu'on aime, continuer à se faire des souvenirs, et arrêter de juste parler du passé avec nostalgie. Apprendre à accepter de ne rien avoir à se dire, mais continuer à être ensemble. Dépasser le bien pensant pour la vérité. Accepter qui l'on est.
Plus de complexe. Je ne ressent plus ce poids, je n'ai plus envie de le dire. Bien ou mal peu importe, c'est comme ça. La situation me convient pour de vrai cette fois. Parler n'est plus une priorité. S'épanouir si. J'ai appris à improviser, à être en accord avec moi même, à dire que je crois en l'avenir quelque soit ce qui se passe. Simplement parce que je suis vivant, et heureux d'avoir grandit encore un peu plus. J'ai arrêter de juger le monde trop sévèrement, grâce à elle. On s'est fait du bien par le passé. Et puis on s'est fait du mal aussi. Mais depuis quelque temps on ne sait plus rien faire que se sourire. Je crois qu'on a su tout traverser. Je crois qu'on a enfin compris ce qu'il faut pour être heureux. Ce week-end on s'est simplement fait du bien, sans chercher de contre parti, sans trop réfléchir. Ce week-end, on s'est offert une part de bonheur. Je me réjouit de voir que l'on peut encore progresser. Et mieux que ça, je me réjouit que l'on ait progresser. Le fait est que se sont ces petits moments qui font d'une vie une belle vie. Toutes les bogues du monde en témoignent.
Mais j'observe malgré tout que certains ne saisissent pas le sens des mots bonheur et sérénité. Qu'ils détruisent délibérément ce que les autres construisent, juste pour de l'argent. Qu'ont tous ces gens dans les mains ? De la joie ? De l'envie ? De l'amour ? Ou juste un bout de papier dont la valeur ne dépend finalement que de l'importance qu'on veut bien lui donner ? Abuser de personnes malades, détruire doucement d'autre qui ont tenté de les aider, par pur charité, même si c'était plus contraignant qu'autre chose. Voler autour d'une proie qui ne se rend pas compte de ceux qui lui veulent vraiment du bien, qui lui ont probablement sauvé la vie.  Cracher sur le nom de ceux qui font preuve d'intégrité et de valeurs. Tout ça pourquoi ? De l'argent.
Dis maman, pourquoi tout ces gens sont-ils ainsi ? Pourquoi ils ne saisissent pas l'importance du reste, d'un bonjour sincère, du mot tolérance ?Pourquoi ces gens ne connaissent-ils pas le respect ? Dis maman, pourquoi aujourd'hui c'est à toi de payer pour tous ces fous, qui te font sentir si seule, alors qu'ils le sont bien plus que toi ? Dis maman, pourquoi est-ce qu'on s'en prend toujours autant aux autres ? Tu m'avais dis que la vie c'était la forêt, les châtaignes et le feu de cheminée. Tu m'avais dis que la tolérance ce n'était pas ne pas voir, c'était accepter. Tu m'avais dis que l'humanité était capable du meilleur. Tu m'avais dis de sourire, quoi qu'il arrive, parce qu'un sourire vaut tous les soupirs.
Tu as raison maman. La vie c'est bien tout ça. Tu as raison maman. Ceux qui ne le savent pas ne vivent pas.

Je-tue-il

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Je me suis pris à repenser à pourquoi j'avais évolué dans ce sens. Pourquoi j'étais devenu qui je suis. Pas de projection dans le futur, plutôt une rétrospective tendre, sur ce qui m'a poussé à croire en moi et en l'avenir. Sur ce qui m'a poussé à refuser de me soumettre aux règles du jeu imposées par les donneurs de leçons. Sur ce qui m'a poussé à vouloir changer les choses, à aider les autres. Sur ce qui m'a poussé à penser à tous ces autres avant moi. Il faut le dire, lorsqu'on ne fait que me lire ici, on pense de moi que je ne me préoccupe que très peu des autres, de leur bien-être. Que je passe mon temps à me chercher, à chercher comment aller mieux. Il n'en est rien, je vis pour les autres, parce que c'est ce que je fais de mieux, et parce que je ne sais sourire que du sourire des autres. 
Je me suis donc demander l'influence qu'avaient eu tel et tel événement, l'influence qu'a eu tel et tel rencontre. J'en ai conclu que j'ai toujours été un enfant sage ; dans tous les sens du terme. Toujours patient et attentif, et toujours empathique. Toujours de bon conseil, dès le plus jeune âge, avec un recul permanent sur les aléas de la vie. Avec une sorte de poids à porter pour les autres. J'ai compris aussi que c'était en partie de ma faute, parce que si mon empathie est réelle et exacerbée, je suis seul à en avoir fait une douleur permanente. Et j'ai surtout compris qu'à cause de tout ça, de toute cette enfance à vouloir prendre la douleur des autres (parfois avec succès) j'ai fini par devenir amer, et aigre avec les autres, il y a quelque temps. Et même si ce temps est révolu, que mes sourires sont devenus sincères et de bonne foi, je me suis aperçu que le mois de septembre qui vient de s'écouler était comme une tentative absurde pour retrouver un peu de ma - pas si lointaine - enfance. Une tentative donc, pour devenir moins sage et moins empathique.
Sauf que je ne sais pas faire tout ça. Ca ne me correspond pas, c'est tout. Ceux qui me juge et jugerons terre à terre et terne se trompe gravement, je sais -et très bien même - m'amuser. Mais voir la douleur m'est trop insupportable, et voir la débauche trop incompréhensible. Libre à qui veut de faire des choses insensées ou folles, moi je ne sais pas le faire. Le calme et la sérénité me correspondent plus. 
Et l'aider prochainement est prioritaire, pour pas qu'elle devienne aussi amer que j'ai pu l'être. Parce que la fatigue lui fait prendre ce chemin que je ne connais que trop bien, et que ça ne lui correspond pas plus qu'à moi. Je la comprend, définitivement, je la comprend.

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