Qui pourrait croire après ça que ça n'est plus douloureux ? Qui pourrait imaginer que j'ai réussi à refouler autant de souffrances ? J'ai souvent eu l'impression d'exagérer l'emprise de la douleur sur moi, vraiment. Mais je m'aperçois que c'est juste la plus pure sincérité qui s'exprimait. Je suis plus sage qu'avant, plus calme, plus tolérant. Seulement je continue de souffrir du silence que je m'impose. Pourquoi se taire, lorsque l'on sait que rien ne compte plus que le pardon que l'on est capable de s'accorder. Je continue de me détester, gentiment, sans bruit, sans effusion. Je continue, sans m'en être aperçu, de souffler sur les braises que j'ai moi même allumé.
Je reste un enfant. Un enfant craintif de perdre l'amour de ses parents, sa famille. Un enfant suppliant pour qu'on lui explique, mais qui n'écoute jamais. Un enfant à qui il reste à apprendre, tout à apprendre.
Un enfant assez puissant sur lui même pour se cacher jusqu'à sa propre souffrance, mais toujours incapable, lorsqu'il est seul, de retenir presque cinq mois de larmes avortées. Un enfant enfin, qui a mue sa colère envers les autres en colère envers lui même, après s'être rendu compte que haïr le monde entier ne le sauverait pas. Un enfant qui n'ose demander vraiment de l'aide, qui préfère demander à ses amis de se taire. Un enfant qui mériterait que quelqu'un se rappel à son bon souvenir, mais qui voit bien que les seules limites qu'il a sont celles qu'il se fixe. Parce qu'à 18 ans on n'est sensé n'avoir plus besoin de personne.