(La fenêtre est ouverte.)
Ca s'est terminé hier soir. 18h30, plus personne, rideau, l'on a plus qu'à ranger, comme l'on dit. Que de bons moments, que de belles personnes, que d'avenir enfouit dans tous ces petits monstres, mes petits monstres. Clap de fin, dernière scène, on a tout remonté dans le grenier, à l'année prochaine. On éteint la lumière, comme l'on éteint les projecteurs, et l'on rentre dormir, parce que la vie continue, un peu embellie par les rires et les pleurs du futur. Les bâtiments sont propres, rangés, ne reste plus que le wagon à ramener, demain. Cinq semaines simplement idéales, parfaite. Une thérapie par les minimoys, peut-être. Un peu de baume au coeur, apaisé par le réconfort des enfants. Ils ne savent pas mentir, et sentent bien quand ça ne va pas. Ils viennent, vous prennent dans leurs bras, vous font un bisou. Ils crient de joie, ils crient de douleur, ils expriment tous ce qu'on garde en nous. Le lycée me paraît bien loin, et mon envie d'y retourner continue à décroître. Ces adultes miniatures sont meilleurs, bien meilleurs que nous autres, les grands. Plus qu'un travail, une leçon de vie. Plus que des rencontres, des amis. Plus que de la tristesse, du désespoir. Tout ça gommé par une invitation : la promesse que l'on recommencera l'an prochain, avec les mêmes. Questions balayées par la plénitude du devoir accomplit, rancoeur terrassée par l'amour débordant que les enfants donnent. Motivation au beau fixe, pour au moins quelques jours.
Ce soir, c'était cinéma, Le grand méchant loup. Comédie hilarante, parce que j'étais bien accompagné, aussi. Jamais l'on n'avait fait aussi simple qu'un cinéma, mais l'on se retrouve, pour de vrai, sans faux-semblants, sans mensonges. L'on rit, aux éclats ou presque, parce qu'on sait que la confiance est enfin revenue. L'on ne pleurera pas demain, parce qu'on a appris ces derniers jours que nous étions inébranlables, parce qu'ensemble.
Le monde peut bien m'attaquer, je suis prêt. Prêt à lui montrer que je suis meilleur que lui.