"J'ai passé 2.2 minutes par jour au téléphone ces deux dernières années. Et pour quoi ? Pour être encore plus seul, au final. Je suis actuellement en pleine séance de travail, mais malgré tout mon esprit ne parvient pas à chasser cette pensée. " Il faudra bien que tu le fasse". Et une question me saute alors au cou. "Est-on accepter après que l'on se soit accepter ?" Silence. La mine carbonée de ma voisine de table casse, elle peste, et retaille son crayon avec un air de satisfaction bien connu. Mine à nouveau pointu, comme un nouveau départ. Facile. Seulement certains actes sont irréversibles. Brûlez le crayon et tailler la mine sera vain. Brûler la feuille et le crayon sera inutile. Alors à quoi bon vouloir le dire ? A quoi bon se torturer, triturer, tourmenter l'esprit alors que je ne suis même pas certain de vouloir le dire ? Il semblerait que nous tournions tous en rond, comme des poissons dans un bocal remplit d'acide. Il semblerait que nous soyons tous condamnés à croire en l'avenir pour ne pas avoir à regarder nos vies en face. Certains l'ont bien vécu, d'autres non, et moi je reste au milieu de cet amas d'avis sans provision à devoir choisir entre vérité et souffrance, et silence et frustration. Et comment savoir ce qui du neuf ou du vieux est le plus supportable, puisque passer de l'un à l'autre est irréversible. Faire ce choix impossible n'est pas de mon ressort pour le moment, parce que je sais ce que je vais perdre, pas ce que je vais gagner. Et puisque choisir il faudra, j'aime autant prendre le temps d'assurer mes arrières, à défaut de pouvoir assurer devant.
Il me dit qu'il existe une méthode "douce", pour faire passer la pilule, pour retirer de sa violence à l'événement. Parce qu'il paraît que se sera violent pour eux, mais quand sera-t-il de moi ? Qui pourra me dire que je souffrirais moins qu'eux, alors que je languis dans mon état comateux depuis 5 ans. Et quel est donc la bonne raison qui me ferais les ménager alors qu'eux-même sont blessants, chaque jour, même sans le vouloir ? D'ailleurs qui sait, ils le veulent peut-être... Et Surement que dans ce cas ils m'en veulent de me taire. Peu importe, il ne s'agit pas d'eux, mais uniquement de moi, puisque je suis le seul obstacle vers ce que certains appellent le bonheur, mais que je qualifierais juste de "mieux".
Il va sans dire que le mieux arrivera, parce qu'on ne peut vivre dans la solitude et l'amertume toute sa vie. Mais une part de moi-même crie de ne pas en sortir trop vite, histoire de me souvenir de la blessure qui me fait mal aujourd'hui, et qui suintera demain encore. Cicatrice sans opération possible, le corps parfait, mais la conscience rongée par les questions et la fatigue. Parce que mal dormir depuis un an laisse des traces, et que pleurer un soir sur trois marque les yeux. Il en reste qu'ils sont devenus exorbités et que mon âme, meurtrie au plus profond, fane chaque jour un peu plus, écartelée entre me raison qui me dicte de continuer à mentir, mon coeur qui me pousse à le dire,et mes yeux qui ne réclament que le repos. A juste titre."
Paroles figée sur un coin de feuille, pendant ce qui aurait dû être un temps rentable de travail.